Mercredi 31 mars, à peine 11 jours après l’arrivée officielle du printemps, le couperet tombe. 2021 sera quasi semblable à 2020, du moins pour le mois d’Avril.
Mais dans un immense élan de bonté et de générosité présidentielle, 3 jours de « tolérance » nous sont offerts pour le weekend de Pâques. Et ça mes amis, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !
Je n’avais pas encore saisi la télécommande, pour zapper dans un grognement de désespoir, et de lassitude, que j’avais déjà écrit aux collègues, et ouvert Google Maps, pour prévoir le road-trip du weekend !
Et cela tombe bien, puisque l’ami Hugues nous tanne depuis 2 mois pour monter au Mont Lozère. Ni une, ni deux : « Hugues, fais péter la trace, on décolle ! ». Celui-ci nous donne rendez-vous samedi matin, place de la Mairie à Anduze. Quatre répondront à l’appel : Hugues, Cyril, Benjamin et moi-même.
Le programme
Une boucle autour d’Anduze, sur la journée. Avant que l’on ne décolle, Hugues et moi, pour la Lozère. Non pas que l’on ait besoin d’intimité entre hommes, mais simplement parce que les deux autres, non adeptes du bivouac, non équipés, lâches, et plein d’excuses diverses, n’oseront pas nous accompagner dans ce trip qui leur paraît insurmontable de difficultés. Et j’exagère à peine mes propos !
Jeudi, courses pour le weekend : maquereaux en boite, pâté de campagne, noix de cajou, pistaches, barres de céréales, fruits, blancs de poulet. Manquera une baguette fraiche à retirer en boulangerie le samedi matin et on est neuf.
Vendredi, chargement de la bavaroise : tente, matelas, duvet, doudou, chaise pliante, vêtements de rechange, bières, réchaud à gaz, outils et fournitures diverses.
Plus qu’un dodo et c’est le départ !
Samedi, comme prévu, départ pour Anduze. Rendez-vous donné pour 10 h. Moi qui suis toujours en avance, j’avais prévu large niveau horaire. Ainsi je décolle tranquillement de la maison 1h30 avant l’heure du rdv, je vais faire mon plein d’essence pépouze, je me pose à la station pour effectuer un changement stratégique en termes de gants et de lunettes. Eh oui, 8h45, mais déjà un soleil à t’arracher la rétine et pas loin de 15 degrés. Où avais-je la tête, j’ai dû oublier que je vivais dans le Sud. Bref bien que connaissant la route jusqu’à Anduze par cœur, je mets quand même le GPS. Et là, surprise ! 1h de route ! What ! Je vais être à la bourre ! Ni une, ni deux, je fais péter le flat, première et feu !
Je me verrai rattrapé, puis doublé par un groupe de Porschistes du samedi matin, qui ne roulait pourtant guère tranquille. Mais poussez-vous avec vos boites de choucroutes à 4 roues, je vais être en retard !
Arrivée à 9h45 au lieu-dit du rendez-vous, et pensant être en avance après l’escapade routière, quelle ne fut pas ma surprise en retrouvant mes 3 acolytes assis sur un banc à m’attendre ! Il y avait encore plus impatient que moi d’être là apparemment !
Vous aurez reconnu ici, la mythique place d’Anduze, connue de tous les motards de la région, comme un lieu de passage incontournable. Mais cette place est également, sachez-le, le point de départ du Rallye de la Porte des Cévennes !
Si tu ne sais pas ce qu’est le Rallye Routier, je te renvoie à mon article qui traite du sujet.
–> https://www.freddy-fsa.com/blog/fsa-le-rallye-routier-moto
Il est 10 h, Paris s’éveille ! Ah non c’est pas ça. Départ !
Pour ces 2 jours de roulage, c’est Hugues, alias Lou Catane, qui est notre guide. Il connait la région comme sa poche. Il a écumé tous les chemins de traverse du département, et des voisins. C’est donc dans sa roue que nous quittons Anduze, direction une boucle qu’il nous a concoctée pour la journée. L’Objectif, n’est pas réellement de voyager loin, puisque Cyril et Benjamin qui nous accompagnent devrons rentrer chez eux ce soir. Non, Hugues nous emmène dans du « dur », afin de nous entrainer, de progresser et d’apprécier nos Cévennes que l’on aime tant ! C’est donc à peine sorti d’Anduze que les choses commencent. Au détour d’un virage, une montée, dans l’allée d’un lotissement. Un virage serré à droite et PAF ! Direct dans une série d’épingles raides, très serrées et bien caillouteuses. Je n’ai même pas eu le temps d’attraper les boutons, pour mettre le mode Enduro sur la GS. Tant pis, on finit en mode route, pas assez stable pour se pencher là-dessus. Focus !
Arrivée sur un plateau, petite pause, le temps pour tous de faire le pipi de l’enthousiasme. Cyril, Benjamin et moi en profiterons pour paramétrer les machines en mode tout-terrain. Je n’ai pas été le seul à qui la piste a sauté au visage.
On repart!!!
Pour de bon cette fois, à l’assaut des Cévennes ! Je te l’ai dit, Hugues est ici pour nous amener dans du dur. Ainsi quelques kilomètres à peine plus loin, nous arrivons sur une première difficulté. Une petite montée de 200 ou 300 m, pas très raide, mais composée du pire type de terrain possible. Du caillou mou ! Mais attention, pas du petit gravillon. Non ! Du bon caillou, gros comme le poing, en formation de combat. Prêt à rouler et moelleux à souhait.
Hugues, l’habitué, engloutira l’obstacle sans grande difficulté. Les deux apôtres que sont Cyril et Benjamin, qui le suivent, ont fait tous les deux la même erreur. Ils se sont arrêtés pile en bas de la montée, là où, au contraire, ils auraient dû arriver avec élan. Moi, le plus malin de la bande, je me suis arrêté 30 m avant, prévoyant. J’essaierai, sans succès, de leur crier de faire demi-tour, pour venir chercher de l’élan ici même. Mais que nenni, les deux acharnés monteront, les deux pieds au sol, à grands coups de gaz sauvages, de projections, de gravasses et de creusage de tranchées. Des porcasses quoi ^^. Moi, plus subtil, j’attends qu’ils prennent de l’avance pour me laisser place libre. Je m’engage, debout sur la meule, guidon fermement tenu, et j’essaie de prendre la trajectoire de gauche ou le grip s’annonce meilleur. Que nenni, les pavasses roulent et ne me laisseront pas passer si facilement. Ainsi la roue arrière passera devant, retournant la moto dans la pente, couchée côté dévers. C’est qui le plus malin maintenant ! Seul, je ne l’aurai pas relevée. Merci les gars, qui m’aident à repartir, en me poussant dans la montée. Faut dire que la GS, chargée de tout l’attirail de bivouac, elle n’est pas légère !
Pause
Refroidissement des matelots et réhydratation, avant d’y retourner ! Montées, descentes, virages, épingles, tu connais. Le terrain se veut plus praticable et chacun s’amusera à doubler l’autre. Toujours très subtilement. Puis au détour d’un chemin, on tombera sur ça !
Que veux-tu répondre face à ce panorama. Tu la fermes et tu te remplis les rétines.
La suite du parcours se fera sans trop de difficultés. Pas mal de pierres roulantes sur des piste en dévers, mais ça va ! Ça passe crème !
Après nous avoir fait découvrir un magnifique canyon entre Carnoules et Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, on improvisera une pause pique-nique en plein milieu d’un chemin. Après tout, il n’y a personne, et puis au moins on est à l’ombre. L’occasion de sortir le saucisson et le pâté. Repas de sportif oblige.
Après manger, Hugues nous prévient :
« Ce matin c’était le facile, maintenant on va attaquer le technique »
Ok chef ! Envoie la sauce, on est à bloc !
C’est la panse remplie qu’on reprend le guidon. Hugues n’a pas menti, l’après-midi est plus coriace. Le dénivelé n’est pas excessif, mais ça secoue ! Les rochers se veulent libres de tout mouvement, d’un diamètre substantiel et idéalement positionnés sur une surface de type pierrolithique (de l’argo Gréco-Latin : pierre qui roule n’amas pas mousse) le tout composé de marches et autres ornières creusées dans la roche cévenole. Le top quoi ! Comme le dit Hugues :
« Attention, le caillou, il faut le voir, mais ne surtout pas le regarder ».
Certaines sections se veulent l’occasion de passer chacun son tour sous la surveillance des collègues. Toujours, prêts à nous rattraper en cas de chute. C’est le moment de montrer nos niveaux respectifs. Bah ouais, parfois un peu d’égo ça ne fait pas de mal. Surtout qu’en off-road, devant certaines difficultés, mieux vaut être sûr de soi en se lançant dedans, sous peine de sanction immédiate lors d’une microseconde de fébrilité.
VIDEO 01
Les deux premiers zigotos arrivent en bas de la difficulté, je me lance à mon tour avec la GS. Je mets le pied au sol à deux trois occasions, mais ne t’inquiète pas, ça se descend tous seul. En tous cas, c’est ce que j’essaie de faire intégrer à Cyril, paralysé par l’obstacle. Bon, un de nous doit se dévouer pour monter à pied, lui descendre sa brêle. Benjamin et Hugues me regardent. C’est bon j’ai compris c’est moi qui m’y colle. Je remonte donc la pente, chercher la Honda Africa Twin CRF 1100 Adventure Sport, pour lui faire franchir l’obstacle. Et comme tu l’entendras, Cyril n’était pas mécontent que je lui aie installé son sabot moteur hier midi !
En bas, mère nature nous a servi l’apéro, pour nous réconforter, avec une petite source bien fraîche qui tombe à pic !
Deux ou trois autres passages de ce type seront au programme. Certains même, jugés trop coriaces, nous verront faire demi-tour. Mais le tout nous amène au col du Laupies à 1001 m où un promontoire naturel offre une énième vue magistrale.
Après toutes ces péripéties
Il est temps de nous quitter avec Cyril et Benjamin. En effet les deux traitres, n’osent pas nous accompagner plus loin, de peur de sortir de leur zone de confort. Que voulez-vous, il y a les vrais, et les autres…
C’est donc au Col de Jalcreste (832 m), que nous nous séparons. Pour eux direction le confort et la facilité. Pour nous direction, l’inconnu, la découverte, l’aventure et des paysages à couper le souffle ! Chacun sa façon de vivre ^^.
Pour la suite du voyage, Hugues a été plus clément. On a des bornes à faire, plein de pistes à tester, en mode reconnaissance, et il faut trouver un abri pour la nuit. On s’engage sur du chemin forestier facile, mais absolument pas dénué de caractère et de beauté. A cette latitude, arrivés en terre Lozéroise, les conifères règnent en maitres. Pins sylvestres, pins noirs, et autres sapins ou épicéas, nous offrent un décor sublime. Les forêts sont profondes et interminables, les troncs d’arbres fraichement coupés jonchent les bordures de la piste, parsemées de restes de branchages et d’écorces, nonchalamment déposés ici et là par l’activité forestière.
Puis là entre deux arbres, Hugues me demande si ça me dérange de tester un col qu’il n’a jamais fait. Un aller-retour puisque que cela mène à un cul de sac. Bien-sûr ! On est large niveau timing, et puis découvrir de l’inédit, on est là pour ça. On est au-dessus de Viala, Hugues nous dirige alors sur la montée vers le très beau hameau de Gourdouze, le long des falaises du Trenze. Plus un arbre à l’horizon, mais une succession de collines et de valons sur lesquels sont disposés d’énormes bloc de granit aux formes arrondies. Le décor est incroyable, presque sortie d’un conte fantastique. On se demande ce que font ces rochers ici. On dirait qu’un géant a laissé tomber ses billes. L’un d’eux est même posé en équilibre sur un promontoire rocheux, et il est possible de le faire bouger d’une simple pression de la main. (véridique).
Après s’être une fois de plus rincé l’œil, avoir pris quelques clichés et joué à faire bouger le rocher, demi-tour, pour rejoindre à nouveau, les pistes et forêts de la vallée du Tarn.
A ce moment-là, pour moi, ce n’est pas la grande forme.
Depuis ce matin, on roule sous une bonne chaleur. Et, comme d’habitude, j’ai fait le con. J’ai emmené mon Camel Bag de 3l sur le dos ce matin. Mais avec une veste en cuir, des moins confortable en off-road, et que j’ai vite balancé dans mon sac à l’arrière de la moto, je ne suis accordé que quelques gorgées d’eau lors de brefs arrêts. Du coup me voilà déshydraté, et une sacrée migraine me monte au neurone. La poussière levée par Hugues devant moi, rendant et respiration et vision compliquées, n’aide pas dans la situation.
Bref, il est environ 16 h, et on a encore pas mal de chemin, et je commence à languir d’arriver.
Au terme d’un dernier (ou pas) sentier, Hugues nous fait rejoindre le magnifique village du Pont-de-Montvert. Arrivés sur place, il me demande ce que l’on fait.
« Je n’en sais rien Hugues, c’est toi le chef, je te suis »
« Bon allez, on va faire une petite boucle bien sympa au Sud du village, et on va voir si on trouve un endroit où se poser »
On s’engage alors sur le chemin de l’Hermet, qui nous fera rejoindre la D20. Sublime passage en sous-bois, à fleur de falaise, sur un immense vide, desservi par les gorges du Tarn. La route n’est pas plus large qu’une Renault Clio, et un panneau en bas nous indique que celle-ci est fermée. Que nenni, on s’engage tout de même. Et effectivement, plus haut, un énorme bloc de granit s’est décroché de la paroi, venant se poser sur la route déjà pas bien large. Il laisse juste de quoi passer avec nos motos, entre ce dernier et le vide du ravin.
Un peu plus loin, Hugues me demande si l’endroit convient pour poser les tentes. Pas convaincu, je lui répondrai un :
« Bof »
La zone n’a rien d’exceptionnel, et en plus, les panneaux d’interdiction pullulent. Plus tôt, il m’a parlé du refuge du Mont Lozère. Je lui demande si c’est loin (l’erreur). Il me répond :
« Non, t’inquiète, c’est à côté ! »
J’apprendrai à mes dépens, que Hugues n’a pas les mêmes notions de temps et de distance qu’un être humain normalement constitué.
Je lui dis banco ! Nous retraversons donc le Pont-de-Montvert, direction le Mont Lozère.
Il est 18h
La lumière, bien que basse dans le ciel, est toujours présente. J’ai désormais très mal aux cheveux lorsque nous attaquons le Mont Lozère. La route est belle, le panorama infini… et la température diminue à chaque mètre gravi. Arrivé là-haut c’est un tout autre monde. Plus un arbre en vue. Et l’on comprend rapidement pourquoi. Là-haut, au-dessus des 1.600 m d’altitude, un vent fort souffle sans relâche, 3 degrés au thermostat, pas de doute, on est bien en Lozère. Nous traversons le hameau de L’Hôpital, servant autrefois de léproserie. Le village reprend peu à peu vie, après de nombreuses années d’abandon, notamment à cause des hivers très rudes. Là, nous nous engageons sur une piste qui fait le tour du Mont Lozère, afin d’en rejoindre la face Nord, où se trouve ledit refuge. Je suis Hugues, aveuglé par la poussière soulevée pas sa Triumph, et illuminé par les rayons du soleil. Pratique pour ne rien y voir, et subir toutes les aspérités du terrain, que je ne peux donc pas anticiper.
Cela fait plusieurs kilomètres, que Hugues s’arrête régulièrement. Il check à chaque fois la Tiger, à la recherche d’un bruit suspect. Lors d’un dernier effort d’ascension, sur le sentier encore enneigé menant au refuge, il en trouve la provenance. Hugues vient de perdre ses ressorts de béquille centrale sur une bosse. Celle-ci traine par terre sous la moto. Arrêt technique. En plein vent, en plein froid, tout les deux pas mal fatigué par cette journée. Pas le moment de réparer. On dégaine la sangle magique MacGiver, on sangle la béquille à la moto, en prenant soin de ne pas faire passer la sangle trop près de la chaine et on repart.
Nous partîmes cinq cents, et nous arrivâmes… Non, c’est toujours pas ça !
Il est 18h45 lorsque l’on arrive au refuge. Tu te souviens quand Hugues m’a dit que ce n’était pas loin. Bon ça m’a surtout paru interminable à cause des conditions météo et de ma migraine qui me donne maintenant envie de dégobiller. Le truc, c’est que son refuge, aussi bien soit-il, il est pris d’assaut. Trois vans garés devant, pas loin de cinq six personnes à l’intérieur, et une bonne dizaine de bouteilles en cours de descente devant l’entrée. La soirée s’annonce sympa pour eux, mais clairement, dans 6 m², on ne va peut-être pas partager ces moments tous ensembles.
Demi-tour donc. Enfin concrètement, non. Tout droit. Puisque le refuge est sur la boucle qui fait le tour du Mont Lozère. Retour donc, à la case départ. Nouvelle traversée du Pont-de-Montvert, pour retourner sur la D20, à l’endroit initial. 19h30 on trouve enfin un bon spot. On coupe les moteurs, fin du Game pour aujourd’hui. Cette fin de journée m’a paru véritablement interminable à cause de mon état. Un véritable supplice, qui ne m’a pas réellement permis d’apprécier les lieux. Je monte tant bien que mal mon bivouac, plus que 8 degrés, je me jette dans le duvet et je me force à avaler un bon litre d’eau, et le reste du repas de ce midi. Extinction des feux, je suis KO.
La nuit n’est pas de tout repos, le vent s’est levé, les bourrasques secouent la tente et font un bruit infernal. Installée à la va-vite, ma tente est en pente, je glisse, impossible de trouver une position correcte. Bref le calvaire.
Il est l’heure de se lever, avec l’ami R…. Toujours pas !
La lumière de l’aube nous réveille Hugues et moi. Malgré une nuit pas terrible, je me sens neuf comparé à hier ! Petit déjeuner, pliage de campement, on charge les motos. Prêts à partir pour le deuxième jour, mon capitaine. Enfin presque ^^. Hier soir, dans la hâte, j’ai garé la GS en dévers côté gauche. Du coup, par gravité, toute l’huile s’en est allée dans le cylindre, délaissant le bas moteur et la pompe à huile.
Comme un idiot, je n’ai pas calculé tout de suite, j’ai démarré, laisser tourner 5 mn, puis je suis sorti du sous-bois qui nous a servi de camping. La moto faisait un bruit pas terrible. Je me suis dit, pas bon ça ! Arrivé sur la départementale, 300 m plus loin, je coupe tout. Le temps de reconnecter les 3 neurones du mécanicien, je capte ma connerie. Je mets la moto droite, laisse tout redescendre gentiment 10 mn avant de rallumer. Ahhhh qu’il est mieux le son du flat quand il est graissé ! La moto n’a pas tourné plus de 5 mn comme ça, et sur une distance insignifiante. Le moteur s’en sortira ! Mais note à moi-même pour la prochaine fois. Ne pas reproduire la connerie. Pas habitué au flat, techniquement parlant. J’ai trop pris l’habitude des architectures classiques de mes Japonaises increvables !
Au petit-déjeuner, on essaye de démonter la béquille centrale de la Tiger, qui je te rappelle tient toujours avec une sangle. Hélas on n’a pas la dimension de clé nécessaire. Tant pis, Hugues finira la journée comme ça.
Allez c’est reparti, quatrième traversée du Pont-de-Montvert. Je suis réellement amoureux de ce village, qui pèse beaucoup pour moi question souvenirs de road trip. Pour le coup, j’ai eu l’occasion de l’apprécier ce weekend. On s’engage sur la D35, direction Mende, et le Col de Montmirat, en tout cas pour quelques kilomètres, avant que maitre Hugues Skywalker, ne nous fasse essayer ses traces dénichées sur internet. De petits sentiers en bordure de champs nous amèneront jusqu’à une plantation de Menhir. En plein Aveyron.
Un autre rinçage de rétines et on repart. Hugues a téléchargé pléthore de traces dans le coin, piochées sur des sites de partage de GPX. Notre mission, si nous le voulons bien, est de les essayer ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’internet, une fois de plus, a montré sa non-fiabilité. Chemins interdits, chemins inexistants, points GPS trop éloignés les uns des autres, le tout rendant la navigation impossible. Le menu de la journée sera : demi-tour, sur son lit d’impasse à la sauce ce n’est pas par là. On fait demi-tour sur des troncs d’arbre, des rochers, en bord de fossés instables, contre des poteaux électriques, une vraie diversité !
Si bien qu’à un moment, Hugues et moi, on en a ras la casquette. On décide donc de naviguer à vue et à la boussole. La meilleure des stratégies, étant donné qu’ici, les sentiers ne manquent pas. C’est ainsi qu’on trouve cette magnifique piste, qui serpente accrochée à une paroi rocheuse, pour nous offrir sur le coin de l’épaule, cette vue <3.
Plus loin, on emprunte le bord du champ d’un agriculteur, pour faire une pause repas. L’occasion aussi de prévoir la suite du programme. La matinée, ayant été le théâtre de nombreux désarrois. Hugues a une dernière trace dans son chapeau, qu’il veut essayer pour aujourd’hui. On décide de la tester, avant de délaisser une fois pour toutes la terre, au profit du goudron jusqu’à la maison.
On descend au fond d’une vallée, où l’on tombe sur véhicules, hangars, barrières et boite aux lettres. Pas bon, encore une impasse, on est chez un éleveur. Lors d’un désormais maitrisé demi-tour artistique, un habitant vient à notre rencontre. L’éleveur revient d’un chemin en quad où il est allé nourrir ses chèvres. On lui demande s’il a connaissance de la fameuse piste que Hugues cherche.
« Vous êtes en plein devant. Elle traverse mes terres, et les enclos de mes chèvres »
Tous les deux la tête basse, on est déçu. Avant qu’il n’ajoute :
« Mais si vous refermez bien les barrières derrière vous, vous pouvez y aller »
Je te laisse imaginer à ce moment-là, l’étincelle dans nos yeux !
On lâche un « Merci beaucoup M’sieur ! », avant d’y aller avec hâte. Chacun son tour, on ouvre les différentes clôtures, servant à contenir le troupeau de chèvre, dont on aperçoit seulement quelques têtes, fuyant rapidement le bruit de nos moteurs le long d’une paroi escarpée. De vraies escaladeuses ! L’ascension nous mène sur un chemin de crêtes, pas loin de Montmirat. Quelle piste mes amis… <3. Je ne vais pas vous la décrire, ça vous ferait du mal, ça restera entre elle, Hugues et moi. Threesome comme ils disent en anglais. Enfin, je ne suis pas sûr, et n’allez pas vérifier sur google.
Je vous laisse admirer la vue au détour d’une épingle.
Toutes les bonnes choses ont une fin
Et après ce dernier moment de plaisir terrestre, nous revoila sur de l’asphalte. Il est 14h30, on est rincé. Le GPS et les traces trouvées par Hugues se sont associés pour nous dégoutter. On décide donc de rentrer par la route. Direction Alès. Arrêt carburant au Bleymard. On va donc devoir prendre la Mythique, et Légendaire, D901, pour rejoindre Villefort. Et ensuite descendre sur Génolhac et Alès.
S’il y a bien une route, que les motards du coin connaissent par cœur, et poncent tous les weekends, c’est bien celle-là. Si tu es du coin, tu sais forcément de quoi je parle. 80 km de lacets, magnifiquement revêtus, épousant les courbes de l’Altier, jusqu’au Lac de Villefort. Pour ensuite serpenter à travers les Cévennes jusqu’à Alès. La Mona Lisa du polisseur de sliders.
Hugues, fatigué, est moins serein sur route que moi, avec ses pneus à tétines. Je me permettrai de le doubler. Après tout, maintenant, pour la navigation c’est facile. Toujours tout droit. Et on ne risque pas de croisé un flic, vu les trois pelés et quatre tondus que l’on a croisés dans le weekend.
Ah oui, je ne t’ai pas parlé de ça. Certes, on a posé nos roues, à 70%, sur du chemin forestier cévenol. Là où tu ne croises pas âme qui vive. Normal ! Mais en dehors des sous-bois, les quelques passages routiers nous laissent sans voix. Des villages désertiques. Pas un chat à l’horizon, des places de parking vides, des volets fermés, des rideaux baissés. Une ambiance post apocalyptique. A se croire sur des plateaux de cinéma abandonnés. Vraiment spécial à vivre. Le Covid a de drôles de répercussions.
Bref passons. C’est donc à mon rythme, que j’estime « de croisière », que j’enroule les 80 km jusqu’à Alès. Hugues n’est pas loin, dans ma roue, pour que je le tire jusqu’en bas sans réfléchir.
Pour la suite et la fin du voyage, je vais m’arrêter là, c’est du classique. Ville, départementales, ronds-points, maison, douche, coma.
Le bilan du weekend
Pas de bobo, de supers moments avec les copains, et des paysages…. Je n’ai pas assez de place dans mon disque dur pour mémoriser toutes ces paysages sublimes. Juste des ébauches, qui ne donne qu’une seule envie, y retourner ! Pour mieux les imprimer.
Quand est-ce qu’on y retourne ? Bientôt ! Enfin, quand le Macron aura lâché les fauves. Parce que l’ami Benjamin, alias « Les Rêves de Baloo », s’est mordu les doigts de ne pas être venu en voyant les photos de dimanche. Et il n’y a pas que lui. Cyril, Sonia et Sylvie, les deux convalescentes, ont également laissé échapper un filet de bave devant les images.
Et Hugues, je ne t’en parle pas ! Le plus chaud de la Team. Il n’avait même pas déchargé la moto, qu’il avait déjà commencé à relever toutes les traces du weekend, en prenant soin de supprimer les erreurs et les demi-tours. Le tout dans l’idée de vite repartir se refaire tout ça tous ensemble. Baloo filmera très certainement. Comme ça tu pourras mettre des images sur mes mots.
Bon aller sur ce GAAAAZZZZZZZZZZZ