Greffé du coeur en 2015, Yasser reprend sa moto pour 20 000 km en direction du Cap Nord
Rentré d’Ushuaïa il y a un an, le Montpelliérain d’origine syrienne repart dans une semaine direction le grand Nord. Entre-temps, il a créée l’association Un coeur=une vie.
Le 5 avril 2015, la vie de Yasser Helwani a basculé quand on a lui a greffé un nouveau coeur. Sinon, il était au bout du chemin. Un nouveau coeur, une nouvelle chance et cette fois la route à perte de vue pour celui qui est né en 1958, en Syrie. Depuis sa greffe, réalisée au CHU de Montpellier, Yasser Helwani a démarré sa seconde vie en participant au marathon du Médoc. Puis en se donnant un objectif insolite : relier Ushuaïa, en Terre de Feu, au guidon de sa moto. Un objectif réalisé entre l’automne 2017 et le printemps 2018.
Les 100 jours du coeur
Depuis, un an s’est écoulé. L’homme a fondé son association : Un coeur = une vie. Et prépare son nouveau périple. « Je suis descendu au point le plus bas de la Terre. Cette fois, je monte au point le plus haut de l’Europe : le cap Nord, en Norvège. » Sa nouvelle aventure porte un nom : les 100 jours du coeur. Il prendra la route le 1er mai. Suisse, Autriche, Hongrie, Slovaquie, République Tchèque, Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Russie, Finlande et Norvège donc.Il dort dans sa tente ou chez l’habitant. Retour prévu cent jours donc après son départ, le 17 août, plus direct cette fois, via les pays scandinaves, le Danemark, l’Allemagne…
Et quand on lui demande, si les pays froids, cette fois, en moto, ça va le changer de l’Amérique du Sud, voilà qui le fait bien rire : « Tu rigoles ou quoi ? Je suis monté à 4 900 m ! J’avais des températures de -3° à 4° C. En moto ! Là, je pars en mai, avec un peu de fraîcheur. J’arriverai en Finlande, ce sera l’été, ça va aller. »
L’ancien kiné des footballeurs du Montpellier-Hérault a cependant pris quelques précautions supplémentaires. Notamment au niveau de sa bécane, une Africa Twin, qu’il a fait renforcer avec de multiples protections. « En Amérique du Sud, je suis tombé une vingtaine de fois. Dont deux, trois fois assez gravement. Quand tu fais 32 000 km, tu es obligé de tomber. J’avais un équipement classique sur la moto et, heureusement, ma veste airbag. Elle m’a sauvé deux fois. Une fois, je me suis retrouvé face à un camion qui en doublait un autre. Pour l’éviter, tu pars sur le côté en glissade, j’ai évité le ravin… En Colombie, j’avais failli arrêter. Trop de circulation. il faisait entre 32 et 38°, j’étais épuisé physiquement. J’ai pris trois jours pour réfléchir. Si je me suis posé des questions par rapport à mon coeur ? Non, ça ne m’est pas venu à l’idée. Je me suis demandé si j’étais capable de continuer. Je suis reparti. En tout, ça a duré six mois et vingt jours. »
Comme pour sa première expédition, Yasser a prévu des points étapes avec des médecins pour des examens. Et des contrôles quotidiens : glycémie, tension, rythme cardiaque, oxygénation sanguine… Suivi notamment par le docteur Stéphane Cade, du CHU de Montpellier, celui-là même qui avait réalisé la greffe en 2015, Yasser et le corps médical pourront comparer les résultats. « On voit très bien comment je me suis adapté, enchaîne-t-il. Même en montant à 4 900 m d’altitude, je n’ai eu aucun problème. Ca montre la capacité d’adaptation d’un greffé. » Et son exceptionnelle envie de vivre.